PORTRAIT. Thomas Adelaide, mission accomplie
Dimanche soir, Thomas Adelaide a connu le plus beau moment de sa jeune carrière de rugbyman. Sur la pelouse de la Rabine, à Vannes, le deuxième ligne du RCT a remporté le Championnat du Monde militaire. Désormais liés pour toujours à ses frères d’armes (au nombre de 32), le protégé de Cédric Béal revient pour nous sur son parcours et cette compétition.
« Je ne m’attendais pas à me sentir aussi heureux au coup de sifflet final ». C’est avec ses mots que le colosse toulonnais démarre l’entretien. Engagé depuis plusieurs mois dans cette aventure humaine aux cotés des militaires français, le Martiniquais a fait son retour sur la Rade en ce début de semaine.
Encore fatigué du match (et non pas de la fête qui s’en est suivie), le pensionnaire du Centre de Formation a repris ses marques au sein du Campus RCT. Travailleur acharné, le deuxième ligne espoir a en effet choisi de revenir à Toulon dès le lendemain de son sacre mondial pour repartir le plus tôt possible à l’entrainement avec ses coéquipiers. Un choix fort de la part du joueur de 20 ans qui n’a qu’un seul objectif en tête : devenir professionnel au sein du RCT.
Et si une chose est sûre, c’est que l’ancien de Suresnes met toutes les chances de son coté pour y parvenir. Cet été, il aurait même du prendre part à la préparation estivale avec le groupe professionnel dirigé par Pierre Mignoni. « Quand je suis arrivé à Toulon, l’année dernière, je m’étais dis qu’il fallait que je casse tout en Espoirs et que je prenne part à la prépa’ de l’été suivant avec les grands. Là, j’avais enfin cette opportunité devant moi. Et quand la Coupe du Monde militaire s’est proposée, je me suis dis que ça allait m’empêcher de la saisir… », confie l’intéressé.
Car entre temps, sur les recommandations d‘Eric Dasalmartini, le militaire réserviste a effectivement tapé dans l’œil du sélectionneur du XV de la Défense. Un véritable dilemme pour Thomas, qui va finalement faire le choix de représenter son pays lors de cette compétition internationale organisée pendant 3 semaines en Bretagne. « On a discuté avec Pierre, il m’a dit que ça serait quelque chose de bien pour moi, que ça m’apporterait énormément d’expérience. Au final, je ne regrette pas du tout. », avoue le champion du monde.
D’autant plus que Thomas a eu la chance de partager ce titre avec son coéquipier Dimitri Chauvet, le second toulonnais de cette aventure. « Avant de partir pour le rassemblement, j’avais un peu d’appréhension et de savoir que j’allais être avec Dimitri, ça m’a aidé. On était souvent ensemble, on s’est encouragé, poussé, surtout quand c’était dur. Jouer ensemble, c’était vraiment cool ! ». Désormais, comme il le dit lui même, il revient ici pour montrer « ce dont il est capable » et tenter de s’inviter prochainement sur une feuille de match en pro.
Partage et dépassement de soi
Si le géant varois (2,01 mètres) n’a plus besoin de grandir, c’est cette fois par l’esprit qu’il s’est élevé au cours de cette aventure humaine. Alors que 12 nations différentes tentaient de s’adjuger le Graal, les représentants tricolores, bourreaux des Australiens, des Japonais et des Néo-zélandais (pour ne citer qu’eux), ont pu s’offrir des moments suspendus. Comme le confirme Thomas : « C’était incroyable sur le plan humain. On a pu rencontrer des gens qui possèdent une autre langue, une autre culture, un autre rapport au rugby… C’était toujours de gros combats sur le terrain, mais en dehors c’est vraiment le partage qui régnait. »
« Ce qui m’a donné le plus de frissons, c’est d’entendre les adversaires chanter leur hymne national. Je ne pouvais pas m’empêcher de sourire. C’était nouveau pour moi. Chaque fois, je me disais que j’étais content d’être là et de participer à ce moment. Ca m’a motivé. » Et que ce soit face au redoutable Haka ou au Cibi des Fidjiens, doubles tenants du titre, le Français n’a en effet pas montré la moindre once d’inquiétude. Solide, le Varois, a repoussé ses limites et notamment lors de l’incroyable finale de dimanche soir.
Sous les yeux de sa tante, de ses amis de Martinique et des 1700 Bretons qui avaient répondu présents, le garçon et ses coéquipiers sont allés au bout de l’effort. Après une égalité parfaite au bout des 80 minutes réglementaires, les 30 acteurs ont du batailler au cours des prolongations. « C’est la première fois que ça m’arrivait ! Je ne savais même pas comment ça se déroulait ! », plaisante le N°5. « Ceux qui me connaissent le savent, normalement je suis cuit avant la 70ème minute (rires) », poursuit-il. Poussé par l’enjeu de la finale et l’ambition du titre, le seconde ligne a puisé dans ses ressources pour aider les Bleus à l’emporter et n’a pas quitté le terrain jusqu’au coup de sifflet final.
« Quand l’arbitre a sifflé la fin du match, je ne me suis pas rendu compte de suite de ce qu’on venait de réaliser. Je me suis allongé par terre, j’étais vidé. D’ailleurs, je commence à prendre conscience seulement maintenant, avec un peu de recul ». Une performance inédite qui fera date dans l’Histoire du sport des Armées et dans la carrière de Thomas Adelaïde. Il conclut : « Ca fait plaisir de montrer à ma famille que je suis sur le bon chemin et qu’il m’arrive de belles choses ! ».
Nul doute que pour Thomas, la suite de ce chemin sera encore plus belle et que le Minot qui faisait ses premiers pas à 5 ans du coté de l’US Robert en Martinique réalisera bientôt son rêve d’évoluer sous la tunique Rouge & Noir. En attendant, bravo champion !