Mourad Boudjellal répond à Paul Goze

Mourad Boudjellal a tenu à réagir suite au courrier transmis par le Président de la LNR Paul Goze lundi dernier et diffusé par la Ligue Nationale de Rugby. Voici la teneur de la réponse :
 
« Cher Président,
Pour faire suite à votre courrier, nous tenons à vous apporter les éléments de réponse suivants.
Sur votre décision de report de matchs, il est évident que celle-ci ne peut être justifiée par l’urgence de la force majeure. Bien que les Règlements Généraux de la LNR précise des cas de force majeure, celle-ci fait l’objet d’une définition constante par trois critères cumulatifs. Elle doit être imprévisible, irrésistible et extérieure.
Le seul critère qui pourrait être retenu est l’imprévisibilité. Mais ce n’est pas le cas puisque vous étiez au courant de la situation. Et si vous décidiez de le retenir, ce serait une preuve d’incompétence puisqu’il n’était pas difficile de prévoir huit jours avant les turbulences que cette fusion allait provoquer. Sinon, à croire que les joueurs n’ont plus de respect pour leur club et que l’amour du maillot n’a plus de sens, que les salariés peuvent être baladés de structure en structure et être victimes de calculs réducteurs comme 45 + 45 = 45.
Un cas de force majeure est aussi un évènement extérieur et subi. En l’espèce, le cas de force majeure supposée a un ou deux responsables identifiables.
Il était donc plus approprié de sanctionner les responsables du cas supposé de force majeure que ceux qui en subissent les conséquences, le club de Montpellier pouvant être assimilé à une victime.
En droit français, il me semble qu’on privilégie la protection de la victime avant celle des responsables. A ma connaissance, le club de Montpellier ne voulait pas reporter le match. Votre conception du droit est donc quelques peu orientée.
J’y viens justement à propos de vos relations privilégiées dont la révélation semble particulièrement vous courroucer. Il vous sera donc aisé de répondre à mes interrogations.
Pourquoi quand le Racing est injustement accusé de dopage, la LNR s’empresse de faire un communiqué de soutien au club, et quand c’est le RCT qui est injustement accusé de dopage organisé, il n’y a aucun communiqué de la LNR ?
Pourquoi quand le Président du Racing, devant les caméras de Canal +, affirme que le RCT ne respecte pas le Salary Cap, accusant par la même les instances chargées du contrôle que vous présidez d’incompétence ou de complicité, il n’est même pas convoqué ?
Pourquoi avez-vous modifié le règlement du Salary Cap permettant désormais à des entreprises extérieures non partenaires d’un club d’acheter l’image d’un joueur sans le comptabiliser dans le Salary Cap, permettant ainsi l’arrivée de certains joueurs majeurs facilitée par cette bienveillance réglementaire pour des entreprises propriétaires d’un club qui par l’étendue de leur relations commerciales peuvent facilement optimiser leur Salary Cap (un Président de club s’en est ouvertement vanté dans un article du Figaro, que je tiens à votre disposition si vous le souhaitez) ?
Enfin, à mon sens, s’il y a un match de la J.21 du Top 14 qu’il aurait peut-être fallu reporté, c’est le match de Grenoble en raison des évènements concernant certains joueurs du club et une situation beaucoup plus traumatisante qu’une annonce de fusion et une grève. Cela conduit encore une fois à s’interroger sur une orientation possible de certains choix.
J’ai pris acte de votre début de déclaration de patrimoine, avec la vente de votre agence immobilière, je vous en remercie mais ce n’était pas nécessaire.
Sur votre supposé relation de copinage avec M. Lorenzetti, j’ai pris bonne note dans l’article de l’Indépendant  que vous vous appeliez souvent, que vous échangiez en dehors des réunions de la LNR, et notamment au sujet de transferts de joueurs. Merci d’avoir donc confirmé les relations privilégiées que vous entretenez.
Jacky Lorenzetti étant quelqu’un de tout à fait respectable, je ne comprends pas votre colère, puisque ce copinage n’est bien évidemment pas avec quelqu’un de malhonnête.
En ce qui concerne la date de votre information sur le départ de cette fusion, je m’étonne juste que le Stade Français ait un déficit de plusieurs millions d’euros depuis plusieurs mois, que son Président n’a toujours pas affirmé que ce déficit sera couvert et que la DNACG depuis tout ce temps n’ait pas convoqué le club.
Le silence de la DNACG me laisse à penser que vous étiez au courant d’une sortie de secours.
Enfin, votre courrier et votre colère visent à mon sens une autre personne que moi.
Je tiens à vous rassurer quant à mon indépendance totale et mon seul attachement aux problématiques du Rugby et non pas de mon club.
J’ai envoyé à ce sujet au Président de la Fédération Française de Rugby, quatre propositions pour aider le Top 14 et le Rugby français à mon sens. Je vous mets en copie de ce courrier. Bien que ces propositions ne soient pas très électoralistes, j’espère que vous prendrez le temps de les lire, ce qui prouve que je reste dans un état d’esprit constructif pour notre sport.
Je vous prie d’agréer, cher Président, l’expression de mes salutations les plus sincères. »
                                                                                                                                                Mourad BOUDJELLAL
                                                                                                                                                              Président