Manifeste Neptunalia : Pour la Protection de la Mer Méditerranée
Le 21 mai 2024, le Rugby Club Toulonnais (RCT) et sa Fondation « Rugby Cœur Toulonnais » ont organisé le Forum Neptunalia au Palais des Congrès Neptune à Toulon. Cet événement a rassemblé experts et passionnés de la Méditerranée pour discuter de la protection et de la préservation de cet écosystème vulnérable face aux défis climatiques actuels.
Le forum, comprenant une journée complète de conférences, tables rondes et ateliers, a impliqué diverses parties prenantes, allant des scientifiques aux sportifs, en passant par les associations, les étudiants et les industriels. Ce projet, symbole de l’engagement sociétal du sport, s’inscrit également dans l’héritage des Jeux Olympiques de Paris 2024, en mettant l’accent sur la protection de la Méditerranée, où se dérouleront les épreuves de voile.
Le Forum Neptunalia a été un point de convergence pour divers acteurs engagés dans la protection de la Méditerranée. Plusieurs thèmes ont été abordés, illustrant la richesse et la diversité des initiatives en cours sur un sujet aussi difficile que l’urgence climatique.
Un Littoral Méditerranéen Uni
Ce rassemblement a permis de mettre en avant la prise de conscience collective des acteurs du littoral méditerranéen français, de Perpignan à Menton, de la réserve de Banyuls au Sanctuaire Pélagos.
Un besoin d’unité souligné par Cyprien Fonvielle de Neede, qui a insisté sur l’importance d’un récit positif et collectif pour protéger cet écosystème fragile tout en embarquant un maximum d’acteurs.
Le début de journée fut ainsi dédié aux grands constats et à l’appel à l’action. Le navigateur Marc Thiercelin a d’ailleurs posé une première observation: « Une grande partie de ce qu’il se passe en mer commence à terre ! C’est donc par l’éducation et le savoir qu’on fera évoluer les choses. Et c’est l’idée de la création de l’Or Bleu pour sensibiliser aux activités humaines autour de la mer. » Yves Desdevises de l’Observatoire Océanologique de Banyuls a également illustré l’implication collective de tout le littoral méditerranéen pour la protection de cet écosystème unique, mettant en avant des projets de conservation qui englobent l’ensemble de cette région.
François Sarano, en observateur aguerri et reconnu, a enrichi cette vision en affirmant : « La mer Méditerranée est résiliente et fragile, et terriblement originale grâce au formidable métissage permanent qu’elle a connu. Elle était sèche il y a 5,3 millions d’années, rien, de la saumure, plus de vie. L’Histoire de la Méditerranée c’est une histoire de métissage qui a survécu grâce à l’aide de nouveaux arrivants. Elle est aujourd’hui formidable, belle, mais soumise à un dramatique changement, puisqu’il est beaucoup plus rapide que les autres qui ont duré des milliers d’années. » Son analyse a mis en lumière la complexité et la beauté de cette mer tout en soulignant les menaces pressantes dues au changement climatique et aux activités humaines irresponsables.
L’indispensable présence et participation de la communauté scientifique
La forte présence scientifique a été marquée par des interventions de Vincent Rigaud de l’IFREMER, Julie Deter, Olivia Gérigny, Franck Lartaud, et des représentants des universités de Toulon et Aix-Marseille.
Vincent Rigaud eut l’honneur d’ouvrir le bal de es interventions : « La Méditerranée est un baromètre du changement climatique » mettant en avant la capacité de cette mer à refléter les impacts globaux des perturbations climatiques.
Julie Deter a souligné la vulnérabilité des écosystèmes marins, en particulier les prairies de posidonie, cette plante marine peu connue mais vitale pour la Méditerranée : « La posidonie pousse uniquement de quelques centimètres par an et le moindre dégât a des effets à long terme considérables. Nous avons maintenant des outils pour contrôler que les règles sont respectées.«
Ces experts ont présenté des recherches cruciales sur l’état actuel de la Méditerranée et ont discuté des solutions basées sur la science pour relever les défis environnementaux.
Entre renouvellement de la biodiversité et dangers actuels
La biodiversité méditerranéenne, notamment les prairies de posidonie et les populations de poissons, a été un sujet central. Alain Barcelo, Responsable scientifique du Parc national de Port-Cros et du Sanctuaire Pelagos a présenté des initiatives visant à restaurer ces habitats vitaux, soulignant cependant que : « à Port-Cros, on a vu se développer une biodiversité extrêmement riche ces dernières années, et les solutions que l’on entrevoit viendront de l’intelligence collective mais qui passe d’abord par des actes individuels.«
Ces efforts montrent que la biodiversité peut se renouveler avec des actions concertées et continues.
Des actions concrètes qui ne doivent pas être découragées par des constats bruts mais tellement symptomatiques des défis qui nous attendent. C’est ce qu’expliquait ainsi Thomas de Williencourt : « Chaque seconde, c’est 250kg de plastique qui se déversent en mer. La Méditerranée, c’est 0,1% de la surface de la terre mais c’est 10% de sa biodiversité« . Comment préserver cette exception ?
Le monde du sport, moteur du changement !
Le monde du sport a montré son engagement à travers des interventions de figures emblématiques comme Christian Califano, qui a affirmé : « Il ne faut pas tomber dans le catastrophisme et rester positif en montrant qu’il y a encore de belles choses à protéger et en particulier sous l’eau. » Il a également présenté le projet Ovalia conçu avec le concours de l’Agence de l’Eau et du RC Toulon, un récif artificiel destiné à protéger le littoral et à sensibiliser à cette protection par la plongée.
Dans une adresse captivante, la navigatrice et eurodéputée Catherine Chabaud a rappelé son expérience personnelle : « En 1991 lors de ma traversée de l’Atlantique en solitaire, en plein océan, à 1 000 lieux des côtes, je suis tombée sur un déchet plastique. J’ai réalisé à ce moment-là que j’étais une partie du problème et que j’avais une responsabilité individuelle à transmettre. » Ces témoignages mettent encore une fois l’accent sur l’importance des actions individuelles et collectives pour la préservation de notre environnement.
Rebondissant sur ces propos, Flora Artzner a souligné l’importance de créer un mouvement collectif de sportifs pour démultiplier l’impact des engagements individuels : « Les athlètes sont assez isolés dans leurs engagements et il est important qu’existe un mouvement collectif de sportifs pour démultiplier l’impact que l’on peut avoir. »
Aymeric Luc et Melvyn Jaminet, joueurs engagés du RC Toulon, ont d’ailleurs abondé dans ce sens : « Nos actes écoresponsables de sportifs de haut-niveau ont un impact décuplé auprès des jeunes et du grand public. »
Le monde du rugby était d’ailleurs présent en force avec celle de l’ancien international du XV de France Fulgence Ouedraogo, du Montpellier Hérault Rugby, qui a également souligné l’importance pour les clubs de travailler avec de nombreuses associations pour être bien entourés et sensibiliser en interne comme en externe.
Des clubs comme l’Olympique de Marseille et le Cercle des Nageurs de Marseille étaient également aux côtés du RC Toulon pour affirmer ensemble que les acteurs du sport sont prêts à faire leur part et même plus face aux défis qui nous attendent.
L’Impact des Activités Humaines
“Presque tout ce qui arrive en mer, vient de la terre”, un constat qui a été répété à l’envi sur cette journée de forum, illustrant l’impact des activités humaines sur la mer.
Chaque acteur a ainsi pu détailler ces impacts, à commencer par la Préfecture Maritime, qui a réglementé le mouillage des longs bateaux pour protéger la posidonie. « Nous avons dû trouver une solution pour protéger la posidonie, ça a été de réglementer notamment le mouillage des longs bateaux. A une échelle plus large, il faut trouver un équilibre entre l’urgence environnementale et les activités touristiques et économiques, » a déclaré l’Amiral Gilles Boidevezi.
Gilles Baratto de Veolia a présenté des études sur les microplastiques, notamment ceux provenant de l’usure des pneus, mettant en évidence le besoin de conjuguer les efforts des acteurs industriels et des politiques publiques pour traiter la pollution à sa source. Olivia Gérigny, spécialiste de la pollution plastique a d’ailleurs abondé dans ce sens : « Ramasser les déchets c’est bien mais ça ne traite pas le problème à la source. Le meilleur outil pour limiter la pollution plastique est celui des politiques publiques. »
Un problème qui reste d’ailleurs de grande envergure comme l’a souligné Franck Lartaud, de l’Observatoire Océanologique de Banyuls : « La Mer Méditerranée est la mer la plus polluée en microplastiques, et nous n’avons même pas encore les moyens de mesurer précisément ce qu’il en est des résidus plastiques encore plus petit que sont les nanoplastiques que l’on retrouve désormais dans nos propres organismes humains. »
De nombreuses solutions innovantes à découvrir
La richesse du forum Neptunalia tient à la diversité des acteurs présents sur cette journée. Si de nombreux scientifiques ont pu expliquer les phénomènes et dangers que pose le changement climatique en Méditerranée, il tenait à cœur aux organisateurs de présenter des solutions innovantes concrètes et de terrain. Ainsi, parmi de nombreuses initiatives nous avons pu découvrir et redécouvrir :
- DPOL : Ce robot autonome développé par la société Ekkopol et déployé par Echos d’Océan, est conçu pour ramasser les déchets plastiques dans les ports, offrant une solution technologique pour lutter contre la pollution.
- Le Géocorail créé par Seacure : Un corail artificiel créé par l’homme pour lutter contre l’érosion et le retrait du trait de côte, représentant une avancée dans la protection du littoral et dont de nombreuses collectivités vont s’équiper dans les prochaines années.
- Pure Ocean : Un fonds de dotation basé à Marseille soutenant des projets de recherche innovants pour la protection des écosystèmes marins fragiles et de la biodiversité. Pure Ocean a ainsi pu présenter les nombreux projets innovants qui contribuent à protéger la Méditerranée
- La technologie au secours de la posidonie : des applications servent désormais à localiser les herbiers de posidonie, ainsi que des programmes de restauration
- Fondation de la Mer : Cette fondation met en œuvre des programmes pour protéger la biodiversité, lutter contre les pollutions, soutenir la recherche et l’innovation, mobiliser les entreprises et sensibiliser les jeunes et le grand public.c.
- Planète Mer : Une association d’intérêt général dédiée à retrouver un équilibre durable entre la vie marine et les activités humaines, en conciliant respect des équilibres naturels et développement économique et social.
“Une image vaut mille mots” : 3 films de sensibilisation diffusés
Enfin, lors de ce forum marqué par la présence de nombreux lycéens et étudiants, il était important de pouvoir sensibiliser au maximum ceux qui vivront et subiront de plein fouet ces changements à venir, les prochaines générations.
Dans cette optique, trois films et documentaires ont été diffusés :
- « De la Prime à l’Aube : pêcheurs engagés pour l’avenir de la Méditerranée » par Planète Mer – Un documentaire didactique pour découvrir le monde de la petite pêche artisanale, embarqué dans le quotidien de 4 passionnés, engagés dans l’avenir de la Méditerranée
- « Pêcheur 2.0 » – Une immersion dans le quotidien des pêcheurs de thon rouge en Méditerranée
- « Méditerranée, L’Odyssée pour la vie » – En mer, sur terre et dans les airs, un fascinant voyage dans le monde d’animaux et de plantes qui se sont adaptés pour continuer à vivre en Méditerranée, malgré l’impact croissant des activités humaines
Ces œuvres ont permis de sensibiliser le public en illustrant les réalités et les défis auxquels fait face la Méditerranée, tout en présentant des histoires inspirantes de résilience et d’engagement.
Conclusion – “Naviguons grâce à nos phares”
Cette première édition du Forum Neptunalia a marqué une étape importante dans l’engagement collectif pour la protection de la Mer Méditerranée. À travers la mobilisation des acteurs sportifs, scientifiques, industriels, et associatifs, cet événement a illustré l’importance d’une collaboration multidisciplinaire pour préserver notre Grand Bleu.
François Sarano l’a rappelé : « Nous naviguons vers l’inconnu, car le changement climatique que nous vivons est beaucoup trop vaste pour savoir ce qu’il va se passer. La solution viendra du vivant, là où il a été préservé, comme une réserve marine comme Port-Cros. Ce sont nos phares de ce que sera la Méditerranée de demain !«
Ce manifeste se veut un appel à continuer cette dynamique positive, en s’inspirant des solutions et des engagements présentés lors de ce forum, afin de garantir un avenir durable pour la Méditerranée. En combinant efforts individuels et collectifs, nous pouvons préserver la richesse et la beauté de cette mer pour les générations futures.
Neptunalia est fier d’avoir pu apporter sa contribution à la protection de la Méditerranée et plus largement celles des mers et océans de toute la planète. Une contribution qui s’inscrit dans la perspective de la Conférence des Nations Unies sur l’Océan : UNOC 2025. Organisé à Nice en 2025, cet événement international, une première en France, rassemblera dirigeants, gouvernements, société civile, industrie et scientifiques pour discuter de la gestion durable des océans et des ressources marines.
Le Forum Neptunalia et UNOC 2025 représentent des moments cruciaux dans la lutte pour la préservation de nos océans. En combinant efforts individuels et collectifs, nous pouvons préserver la richesse et la beauté de la Méditerranée et des autres mers pour les générations futures.