Lettre au Président de la République

Après avoir fait appel de la sanction infligée à Bernard Laporte par la commission de discipline de la LNR suite à ses propos sur l’arbitrage après le match Toulon/Grenoble, le Rugby Club Toulonnais a appris vendredi 21 mars dernier que la sanction visant le manager toulonnais était alourdie : Bernard Laporte est suspendu d’accès au terrain, aux vestiaires des arbitres et joueurs et aux couloirs menant à ceux-ci durant trois semaines supplémentaires soit jusqu’au 3 juin 2014.

Outre cette extension de peine, le manager toulonnais ne « pourra pas entrer ou tenter d’entrer en communication de quelque manière que ce soit avec les officiels ou avec les joueurs ou l’encadrement sportif de la SASP RCT » durant les rencontres. C’est sur ce dernier point que Mourad Boudjellal a décidé de sensibiliser le Président de la République François Hollande.

Voici la lettre envoyée par Mourad Boudjellal et le Rugby Club Toulonnais au Président de la République François Hollande :

« Monsieur le Président,

Vous incarnez tant par votre fonction que par vos actes les valeurs de notre République.

Je vous écris, à  ce titre, afin de porter à votre connaissance un fait d’une particulière gravité qui viole le principe fondateur de notre République : la liberté.

Cela est d’autant plus grave que cette atteinte est commise par une entité, la Fédération Française de Rugby, agissant dans le cadre d’une délégation de l’Etat.

En effet, dans l’exercice des pouvoirs de puissance publique que lui a confiés le Ministère des sports,  la Fédération Française de Rugby a, par le biais de sa commission d’appel, cru pertinent d’assortir la sanction prise à l’encontre d‘un salarié du Rugby Club Toulonnais de l’interdiction «  d’entrer ou de tenter d’entrer en communication de quelque manière que ce soit, avec les officiels de match ou avec des joueurs ou avec l’encadrement sportif du Rugby Club Toulonnais et ce jusqu’au 3 juin 2014 ».

Cette sanction, infondée, cause une atteinte grave aux libertés individuelles en réduisant au silence absolu un individu dans l’exercice même de son activité professionnelle.

Comment dans notre beau et grand pays de France une telle sanction puisse être prononcée à l’encontre d’un individu n’ayant commis nul crime ni délit, par une commission dépourvue de tout pouvoir juridictionnel. 

J’en appelle à vous, Monsieur le Président, attaché à la défense de nos principes fondamentaux et fidèle à la pensée de Jean Jaurès, qui écrivait avec force et justesse que le premier des droits de l’homme était la liberté individuelle, pour connaitre votre position sur cette sanction.

Respectueux de nos institutions, nous ne vous demandons pas ici la levée de la sanction. En revanche, certain de votre soucis de justice, nous vous demandons si l’interdiction de communiquer fait parti des valeurs de la République que vous avez cœur à défendre.

A l’heure où notre pays doute de lui, redonnons du sens à nos valeurs, redonnons espoir aux gens qui luttent, redonnons le goût du partage et du vivre ensemble comme le Rugby Club Toulonnais le fait au quotidien auprès des habitants, jeunes et vieux, hommes et femmes, riches et pauvres, composant la cité de Toulon.

Je vous remercie par avance, Monsieur le Président, de l’attention que vous porterez à la présente et me tiens à votre disposition pour contribuer à la défense de nos libertés.

Dans cette attente, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, en l’expression de mon profond respect.

Mourad Boudjellal. »

A noter que la sanction infligée à Bernard Laporte est suspendue depuis hier vendredi 28 mars suite à la nomination de deux conciliateurs dans cette affaire par le Comité National Olympique et Sportif Français que le Rugby Club Toulonnais a saisi. Bernard Laporte retrouve donc toutes ses libertés d’actions dans l’exercice de ses fonctions jusqu’à l’audience prévue le 3 avril prochain mais se réserve le droit d’en jouir ou non ce soir face à Toulouse au stade Vélodrome de Marseille.

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