Eduard Coetzee : "Toulon/Sharks, une véritable fête"

Eduard Coetzee est le directeur commercial et marketing des Sharks. L’ancien pilier de l’Aviron bayonnais (2005-07), puis du Biarritz Olympique (2007-11), a été contraint à mettre un terme à sa carrière de joueur, après plusieurs K.O. Aujourd’hui parfaitement rétabli, il parle avec beaucoup d’enthousiasme et d’envie du Rugby Masters du jeudi 5 février prochain à 21h à Mayol avec l’affrontement entre le RC Toulon, meilleur club d’Europe, et les Sharks du Natal, premiers de la conférence sud-africaine de Super 15 en 2014 dont ils furent demi-finalistes.

Eduard Coetzee, comment les Sharks abordent-ils ce match de gala ?

« C’est clair que pour nous, cette rencontre sera une véritable fête. On va jauger notre capacité à affronter la meilleure équipe de l’hémisphère Nord. Les Sharks sont la meilleure équipe sud-africaine du moment. Le challenge sportif est excitant. Ca va être super fort.

Seul bémol, les Sharks n’ont pas encore repris la compétition officielle en Super 15 tandis que Toulon est en plein cœur de sa saison. N’est ce pas un risque pour vous ?

C’est en effet un gros souci pour nous. Ce match sera le premier que nous aurons à jouer depuis trois mois. Mais nous ne nous cherchons pas d’excuse. L’équipe sera compétitive, avec quinze internationaux sur les ving-cinq joueurs qui feront le voyage à Toulon. On laissera quelques gars à la maison, notamment ceux qui ne sont pas totalement remis de blessure comme Willem Alberts. Il se remet d’une déchirure aux ischios. On les préserve pour la reprise du Super 15 (les Sharks recevront les Cheetahs le 14 février à Durban). Mais nous ne serons pas loin d’aligner notre équipe type à Mayol.

Quand ils évoquent cette rencontre, quel est le sentiment des joueurs des Sharks ?

Sans exagération, ils disent qu’ils vont affronter la meilleure équipe du monde… après les All Blacks. Ils savent aussi qu’ils vont retrouver sur leur chemin quelques anciens Springboks, dont certains étaient les meilleurs à leurs postes en équipe nationale. Et dans cette équipe de Toulon, il n’y a pas que quelques uns des meilleurs Sud-Africains, il y a aussi les meilleurs d’autres pays ! C’est un défi majeur pour nous que d’affronter Toulon. En Afrique du Sud, Toulon est considérée comme une équipe de stars. Et tout le monde suit les résultats du RCT parce que tous les joueurs qui y évoluent sont connus du public. Les Springboks bien sûr, mais aussi Fred Michalak, qui a laissé beaucoup de bons souvenirs à Durban. Le public sud-africain a beaucoup de respect pour cette équipe et tous ces joueurs d’exception. Quant à nos jeunes joueurs, il leur tarde de se montrer. Ils savent aussi que Mourad Boudjellal suivra le match avec un regard intéressé, depuis les tribunes. Certains peuvent lui taper dans l’œil. Je crois qu’on va confisquer les passeports avant le match pour être sûrs que tout le monde va rentrer en Afrique du Sud après ce match ! Surtout que nous sommes sûrs que plusieurs d’entre eux finiront Springboks, très vite. En particulier un jeune centre à la carrure impressionnante (1,92m, 115 kilos), qui jouait encore avec les moins de 21 ans, l’an passé. (Il ne cite pas son nom mais il s’agit d’André Esterhuizen). Lui, il est très, très fort !

“ Et puis il y a Mayol… ”

Qu’est ce qui vous a poussé à relever le challenge de venir défier le RC Toulon chez lui ?

Parce que Toulon est la meilleure équipe en Europe du moment. C’est pour ça qu’on a choisi d’affronter Toulon et non pas les Saracens, qui ont une équipe très forte, mais bien moins que celle des Toulonnais. Et puis il y a Mayol… Montrer le stade Mayol à nos jeunes joueurs, dont certains seront internationaux dans quelques mois, est une expérience dont ils se souviendront. Pour eux, ce sera un véritable test-match de rugby, au plus haut niveau.

Quand vous jouiez en France, quels souvenirs avez-vous gardé de vos matches au stade Mayol ?

Avec Bayonne ou Biarritz, les matches à Toulon étaient toujours très compliqués. On savait qu’il allait y avoir beaucoup d’engagement, de l’émotion, une grosse ambiance. Depuis que j’ai arrêté le rugby (fin 2011), je n’ai jamais eu véritablement envie de rechausser les crampons. Mais là, de savoir que les Sharks vont jouer à Toulon, dans l’ambiance si particulière de Mayol, ça donne envie d’enfiler à nouveau le short. La poussée d’adrénaline que procure ce genre de match, on a envie de la connaître, de la partager. Avec John Smit (le directeur des Natal Sharks, qui a joué une saison, 2007-08, à Clermont), quand on évoque ce rendez-vous, ça nous rappelle des souvenirs.

Les Sharks ont été la meilleure franchise sud-africaine en 2014. Comment situer le groupe pour 2015 ?

Mouritz Botha arrive des Saracens, Jon-Paul Roger Pietersen est rentré du Japon (Panasonic Wildknights), ils offriront beaucoup d’expérience à notre groupe. Cela va donner plus de confiance aux nombreux jeunes joueurs que nous avons lancé dans le bain depuis la saison dernière. Je crois aussi que l’apport de notre nouvel entraîneur, Brendan Venter, va être bénéfique. Brendan est un coach génial qui a propulsé les Saracens tout en haut de la hiérarchie du rugby anglais. C’est un vrai meneur d’hommes. Depuis six mois qu’il est chez nous, on a pu mesurer l’impact qu’il pouvait avoir. On a terminé champions de la Currie Cup, en démontrant de belles qualités. On mise beaucoup sur lui.

Nouvel entraîneur, nouveaux joueurs, quelles seront vos ambitions en 2015 ?

On veut gagner le Super 15. Et rester la meilleure franchise sud-africaine. Mais pour y parvenir, il faudra que nous puissions nous qualifier directement pour les demi-finales. Parce que si nous devons passer par les play-offs, cela implique un long voyage en Australie ou Nouvelle-Zélande. L’an passé, il nous a manqué un point pour terminer à la deuxième meilleure place de la saison régulière, et nous avons dû jouer la demie à Canterbury, face aux Crusaders. Ca complique la tache ! L’avantage du terrain est primordial, un peu comme lors des barrages du Top 14. Et si vous rajoutez le long voyage en avion, le décalage horaire et la fatigue, ça fait beaucoup de handicaps…

Comment ce Rugby Masters, a-t-il pu voir le jour ?

Il faut remercier SL Events, Sylvain Marconnet et Philippe Spanghero. Organiser un tel match a vraiment été compliqué. Et sans eux, on peut dire qu’il n’y aurait pas eu de match. Il se sont beaucoup investis sur le projet.

Votre amitié avec Sylvain Marconnet a joué ?

Je connaissais surtout Sylvain comme joueur. Après, le langage que l’on utilisait n’était ni le français, ni l’anglais. Disons que l’anglais de Sylvain est un peu particulier…

Quel est votre vœu le plus cher en venant défier Toulon sur ses terres ?

Que l’on produise un bon match de rugby… et qu’il se termine par une victoire des Sharks !”

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